CROISIERE SUR LA CYPRAE AUX GRENADINES

Avant de commenter cette croisière, je voudrais présenter un homme et un bateau.

L’homme, c’est Jean-Louis Henry, un marin exceptionnel ayant navigué sur toutes les mers et les océans du globe, un capitaine assurant sa responsabilité dans les moindres détails, un conteur hors pair pour relater ses aventures de circumnavigateur.

Le bateau, c’est la Cyprae, une goélette d’un autre temps, celui de la marine à voile, fidèle réplique du prestigieux Malabar X que l’américain John Aldan avait dessiné dans les années 30 pour gagner la course des Bermudes. Avec les voiles quadrangulaires de son gréement aurique, sa coque basse sur l’eau et aux lignes très tendues, sa longue voûte inclinée, c’est un bateau fabuleux. Jean- Louis rêvait de le construire selon les plans d’Alden. En 1973, aidé par un groupe d’amis, le steward d’Air France, à la retraite, réalise son rêve. Le chantier dure 6 ans. Toutes les données originales sont respectées sauf la coque qui est en ferrociment.

La Cyprae

À l’été 1990, Roger C. rencontre Jean-Louis (JL) et la Cyprae à Port Grimaud et c’est le coup de foudre, tant pour l’homme que pour son bateau. Aussi, le voilier se trouvant à Fort de France, Roger murit le projet d’une croisière aux Grenadines durant l’hiver 1991. Il nous invite, Danielle et moi, à y participer aux côtés de M. sa compagne. La Cyprae ayant 3 cabines disponibles en plus de celles destinées à l’équipage, Roger contacte Anne et Jean-Pierre B. qui acceptent avec plaisir l’invitation. Malheureusement, 10 jours avant le départ, le père de Jean-Pierre tombe gravement malade et le couple doit se désister. J’ai alors l’idée téméraire de me tourner vers Jean J. – alias Jules – et son épouse Michèle qui à ma grande surprise sont prêts en une semaine. Je voudrais ici écrire quelques lignes sur Jules : c’était bien sûr un bônois… Lui et Roger étaient dans les mêmes classes au lycée. Tous deux ont toujours été le contraire de l’autre : Jules, grand et maigre, n’ayant voyagé pratiquement que dans sa tête, à tendance communiste. Roger, quant à lui, grand mais balaise, connaissant pratiquement le monde entier, à tendance capitaliste… Malgré ces différences, ils s’appréciaient beaucoup.

Mais revenons à la croisière. L’archipel des Grenadines est constitué d’un chapelet de petites îles toutes situées Nord-Sud alors que l’alizée souffle Est-Ouest, le paradis de la voile ! En partant de Fort de France, JL met le cap plein Sud. Nous empruntons le chenal Ste Lucie, long d’une vingtaine de miles, exposé à l’alizée et à la mer formée qu’il provoque. Roger se régale à la barre sous l’œil attentif de JL et celui admiratif de M.

Puis nous nous dirigeons vers St Lucie en faisant escale dans le fjord de Marigot Bay.

Nous nous arrêtons ensuite aux Deux Pitons dont l’un s’élève à 700m et l’autre à 500m.

Entre les deux se trouve une belle petite plage où se promène Bouba… un petit éléphanteau oublié par un cirque… Là, nous prenons notre premier bain, même Jules, sa prothèse sous le bras – amputation suite à un accident de voiture.

Nous longeons bientôt les côtes de St-Vincent puis celles de l’île Moustique.

«L’île Moustique abrite des récifs coralliens. D’une longueur d’environ 4,9 km, sa plus grande largeur n’excède guère 2,4 km. En 1958, Moustique est achetée pour 45 000 dollars par Lord Glenconner, un aristocrate écossais, qui la transforme en lieu de villégiature alors qu’il n’y a ni routes, ni eau potable, mais uniquement les ruines d’une ancienne demeure de planteurs qu’il rénove pour donner l’hôtel Cotton House en 1969. En 1960, la princesse Margaret du Royaume-Uni accepte en cadeau de mariage une parcelle sur laquelle elle fait construire une villa, Les Jolies Eaux, qu’elle occupera à de nombreuses reprises». Le 8 janvier 1971, le paquebot Antilles de la Compagnie générale transatlantique heurte un récif non signalé sur les cartes marines, à proximité de l’île. Le navire est entièrement détruit par un incendie, mais sans faire de victimes. Au fil des ans, l’épave s’est dégradée puis brisée en plusieurs morceaux. Nous prenons un bain, entourés de coraux et poissons multicolores devant la maison de Margaret…

Puis c’est le tour des Tobago Cayes :

«Si vous naviguez aux Grenadines, les Tobago Cays sont un passage incontournable. Cette réserve protégée de cinq îles inhabitées est un véritable paradis sur terre avec poissons multicolores, eaux transparentes et chaudes et plages de sables blancs. Nagez avec les nombreuses tortues qui y ont élu refuge, dégustez des langoustes au barbecue et admirez la plus belle barrière de corail des Antilles.»

Tobago Cays

Imaginez la Cyprae, face à l’océan, protégée par la barrière de corail… C’est un des plus beaux lieux marins qu’il m’ait été donné de rencontrer!!!

Nous continuons vers Canouan puis vers Union. En chemin, nous croisons Tarbarly et son Pin Duick 6.
3 Bônois aux Grenadines
Puis retour vers le nord et Fort de France.

J’ai gardé pour la fin 3 faits exceptionnels qui ont marqués cette croisière :
1- La pasta à la ‘’C.ani’’ avec langoustes, un grand moment!
2- Le ballet des dauphins : entre la Cyprae et la côte de St-Vincent nageaient tranquillement une vingtaine de dauphins. À un mondent donné, ils se sont tous mis à tourner sur eux-mêmes, la moitié à la verticale, les autres à l’horizontale, un mètre et plus au-dessus de l’eau!!! Spectacle irréel… Je me demande souvent si je ne l’ai pas rêvé…
3- La traversée en équilibre sur le câble tendu entre les 2 mâts de la Cyprae, à une vingtaine de mètres de hauteur. Spectacle irréel… Je me demande souvent si je ne l’ai pas rêvé (Bis).

Cette croisière restera une des plus belles qui m’ait été donnée de faire. Tout était réuni pour qu’il en soit ainsi : la navigation proposée par JL, les paysages, les fonds marins avec leurs coraux et poissons multicolores, la bonne ambiance à bord… Les Grenadines ont hélas subi le dérèglement climatique, la pollution due aux gros yachts de plus en plus nombreux et à l’essor touristique. Beaucoup de coraux sont morts et nombre d’espèces de poisson ont disparu. Un vrai désastre.

MERCI R…!

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